Pour les nouveaux adhérents, voici ma vision de l'enseignement au sein de notre club :

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Projection sur mon enseignement avec analyse sur la méthode mise en place :

1) Mon premier but :
- D’être une toute petite courroie de transmission, pour faire connaître l’Aïkido au plus grand public possible et faire passer le message qu’a voulue transmettre, Ô SENSEÏ : «L’ Aïkido, n'est pas une technique pour se battre avec ou de vaincre l'ennemi. C'est le moyen de concilier le monde et de faire des êtres humains une famille".

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Les moyens :
- Ouverture du club, développez celui-ci pour faire connaître l’Aïkido dans ma commune et les communes voisines (le plus large possible).
- Participez à des « évènements » comme un « gala des arts martiaux » sur la communauté des communes, la fête de « la St Jean » et le gala annuel des activités de la M.J.C, sur la municipalité.
- Participez à des stages d’Île de France et du comité départemental de l’Essonne.

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2) Mon deuxième but et mes objectifs :
Faire passer le message à mes élèves, que l’Aïkido, n’est pas seulement des techniques martiales pour se défendre, mais que se cache derrière celles-ci, un art noble philosophique sur l’union des énergies et derrière cette expression, se cache l’union des êtres humains, en parfaite harmonie avec la nature et les lois de l’Univers.

Les objectifs : Compréhension et bonne exécution des techniques – Compréhension et intégration des principes – Créer un déclic pour se poser les bonnes questions – Découvrir son corps et son mental – s’ouvrir à un nouvel état d’esprit – Changer son « quotidien » pour une vie plus ouverte, au monde et aux autres – Prendre de l’assurance et de la sérénité – MUSUBI et AWASE plutôt que Dualité !

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3) La pédagogie :
Être capable de créer les conditions de l’apprentissage, d’identifier les besoins et les difficultés des élèves, de structurer le cours et de l’adapter, de mettre à disposition les outils qui vont permettre aux élèves de progresser. Ensuite, de l’enthousiasme, du charisme, de l’empathie. Un bon enseignant est quelqu’un qui donne envie d’adhérer à sa démarche, qui sait susciter la passion, l’envie d’aller plus loin. Dans un premier temps c’est sans doute l’élément essentiel. Enfin une volonté permanente de se former, de progresser et d’évoluer. On ne peut envisager d’alimenter la progression de ses élèves sur plusieurs années sans soi-même, avancer, se nourrir et se remettre en question.
Faire en sorte que les élèves prennent du plaisir à apprendre, et de leurs donner envie de pratiquer. Il faut aussi savoir enseigner ce dont les élèves ont besoin et non ce que vous avez envie de faire. Utilisez des moyens mnémotechniques et ludiques pour simplifier la mémorisation. L’Aïkido est avant tout une histoire humaine, de rencontres, de relations entre personnes, d’interactions, de respect et de partage. La pratique de l’Aïkido doit permettre l’acquisition des outils susceptibles de nous faire évoluer. Le rôle du professeur, des anciens et moins anciens, du groupe sont essentiels dans cet apprentissage. Quel que soit le développement vers lequel tend l’élève, il faut …Pratiquer. Ô Senseï disait : « les progrès viennent à ceux qui s’entraînent encore et encore ».
Le dojo (la voie : Do / Jo : le lieu, l’endroit), le lieu de la voie, apparaît alors comme un lieu de recherche, d’abnégation et de travail dans lequel évolue un groupe composé d’anciens et de nouveaux. Ce lieu ne peut s’incarner qu’avec l’implication des anciens, les Sempaï (sen : avant, Paï : camarades) qui, par leur attitude, guideront les nouveaux. Ainsi, la transmission, sous la responsabilité du professeur, est l’affaire de tous. L’enseignant, reste le garant ultime du cadre qu’il propose et permet cette étude.
La technique se transmet par le corps. L’enseignement oral n’était pas là pour faire comprendre la technique ou la manière de faire, mais bien le comment « être » !
Un pédagogue disait « L’enseignant n’est pas ce qu’il enseigne, et la matière enseignée, ce n’est pas la personne ». Totalement d’accord. Pourtant, dans l’Aïkido, on ne peut totalement séparer ce qui est enseigné de la personne qui incarne ce qui est enseigné. Boris CYRULNIK, psychiatre et éthologue, dit dans un de ses ouvrages : « Il est étonnant de constater à quel point les enseignants sous-estiment l’effet de leur personne et surestiment la transmission de leurs connaissances ».
Le Senseï en Aïkido, remplit une fonction pédagogique, mais aussi symbolique. Le temps du cours, il n’est pas seulement le professeur, au sens occidental. Il est aussi en quelque sorte le maître de cérémonie, qui rend l’Aïkido possible. Ainsi que celui qui incarne la technique, toujours imparfaitement, mais dont il est toujours le premier référent.
Il s’agit pour nous, les enseignants de travailler notre Art tant et tant que nous touchons du doigt des choses qui vont bien au-delà du domaine particulier qui nous sert de support. Il ne s’agit pas d’imiter, mais bien d’intégrer, de faire sien ce qui nous est transmis. En tant qu’enseignants, nous devons à notre tour, au mieux de nos compétences et de nos capacités, de transmettre à nos élèves les outils qui leur permettront de voler librement. L’idéal étant, s’ils le veulent, s’ils le peuvent, qu’ils soient plus haut, plus loin que nous avons pu le faire.
NIETZSCHE exhorte chacun à chercher en lui son propre guide en faisant dire à Zarathoustra :
« Deviens ce que tu es ».

4) La technique :
On ne peut transmettre clairement que ce que l’on a assimilé. Le plus souvent dans un cours d’Aïkido, les élèves tentent de reproduire les mouvements qu’ils ont pu percevoir. C’est une étape incontournable, même si l’imitation n’est pas la toute première étape de l’appropriation de la technique.
Les notions d’harmonie et de compassions sont au cœur du message de l’Aïkido de Maître UESHIBA, cela se traduit par la volonté d’épargner son adversaire. Mais il faut que les choses soient bien claires. Une personne qui ne peut être efficace martialement, ne peut épargner un attaquant. Elle ne pourra qu’être victime et subir son action. Faire vivre techniquement la bienveillance est évidemment difficile, et nous ne devons pas nous contenter d’en parler parce que nous ne sommes pas capables de la réaliser. L’efficacité n’est pas synonyme de brutalité, et la bienveillance de faiblesse. Au niveau mental, j’attends aussi de mes élèves, que chaque chute à peine finie, ils soient déjà debout, dans un état de vigilance et de disponibilité. Cette idée va de pair avec le soin mis à ne jamais se laisser abattre.
Quelques conseils de Jean-Marc Chamot : le premier et de bien réfléchir à ce que l’on fait en tant que Uké, « Ukeru » veut dire « recevoir », recevoir la technique et non pas attaquer coome un bourrin ! D’après moi, le rôle des anciens est capital. Si l’attaquant est l’ancien, le formateur, il doit savoir doser intelligemment son attaque afin de faire progresser TORI. Concernant le terme UKE/AÎTE, j’ai entendu à l’occasion les maîtres japonais utiliser en occident un terme qu’ils n’utilisent pas au japon. Il s’agissait de « SHINRYAKUSHA », une expression qui signifie « agresseur ». Ils voulaient dire par là qu’en Europe, les pratiquants interprétaient mal le sens du rôle d’UKE. Ce dernier, n’est pas censé agresser inutilement l’apprenant, mais il devrait prêter son corps pour que TORI bénéficie d’une bonne situation d’attaque. C’est lorsque cette situation est correctement mise en place qu’Uké peut devenir AÏTE. Pour un expert japonais, être un « SHINRYAKUSHA » sur un tatami est un contre sens fondamental. Le dojo n’étant pas un théâtre de la guerre, on n’est pas sensé y arriver avec un lance grenade ! UKE reçoit la technique et il devient AÏTE lorsque ses connaissances lui permettre de prêter sa main pour créer l’harmonie avec son partenaire. Former les UKES, les aider à devenir des AÏTES, me parait être primordial.

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5) Les principes :
Du développement des qualités physiques : D’après un expert 8ème Dan japonais, la pratique doit amener à l’épuisement, l’épuisement au relâchement, le relâchement à la sensation. Un des objectifs de la pratique est le développement des sens. C’est à l’aide de ses sens (la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût) que les pratiquants découvrent les techniques et travaillent aux apprentissages fondamentaux qui lui permettront de se « développer ». En Aïkido, la vue, l’ouïe et le toucher sont particulièrement sollicités. Il est primordial de pratiquer sans anticiper ou penser à la suite du mouvement, même si, en général, dans le cadre défini par le professeur, le pratiquant sait ce qu’il va se passer. Avoir l’esprit « blanc » « atama ma shiro » comme le disent certains professeurs japonais, est indispensable pour le développement des qualités recherchées par la pratique. La pratique permet de développer sa sensibilité corporelle. Plus les capteurs proprioceptifs seront développés, plus la conscience du corps augmentera et par conséquent la conscience de la relation à l’autre, indispensable dans la pratique de l’Aïkido.
Au développement des qualités mentales : La pratique doit permettre de travailler les principes, qui peut-être, avec le temps vont permettre aux pratiquants de se développer. La compréhension des principes et leurs applications devraient permettre « une économie physique » sur le long terme. La connaissance du répertoire technique permet l’étude des principes. L’enseignant, au travers des techniques, crée un cadre permettant l’apprentissage technique. Les techniques véhiculent les principes, en sont les outils. Quels que soit l’école ou le style d’Aïkido pratiqués, l’acquisition des principes permet une reconnaissance technique, une lecture de la pratique de l’autre et une capacité d’adaptation à la pratique de l’autre, quels que soient son âge, son poids, sa taille, son « style, son école »… U n pratiquant dont le professeur aura à cœur de transmettre les principes saura s’adapter, pratiquer et rencontrer l’autre.

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6) La philosophie :
La voie (DO) de l’Aïkido est la pacification des hommes, après une étude poussée des techniques (à travers le physique et la sueur du corps) et la fortification du mental (les techniques répétées et répétées forge le mental, on apprend à se connaître, à prendre confiance en soi et par conséquent se forger un caractère humble, libéré de tous carcans, ouvert aux autres, disponible. Savoir être en harmonie avec tous les êtres sur terre et avec les lois de l’Univers.

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7) Le passage de grades :
Entendons-nous bien, pour moi passez un grade est simplement un « marqueur » dans un instant défini pour noter une certaine « progression » uniquement technique dans l’Aïkido qui sert essentiellement à l’élève.

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8) Mon état d’esprit comme enseignant :
Il faut continuer à travailler, à réfléchir, à se cultiver et « grandir » car en fait : « on enseigne finalement plus ce que l’on est, que ce que l’on sait ! ». C’est surement en enseignant, que l’on peut continuer à se former. Insuffler un « mental » de combattant à ses élèves est très important. J’ai appris que la première mission de l’aïkido est de survivre et il est important de faire comprendre cela à ses élèves. La difficulté pour un enseignant qui voit arriver un débutant dans son dojo et dans la captation la plus exacte possible d’analyser comment cette personne est mentalement structurée. Mode offensif ou défensif ? Si c’est pour se battre, on sait que cela va lui prendre du temps pour s’adapter à un mode opératoire amenant « attaquant et « défenseur » à un respect mutuel et allant vers l’apaisement. Si l’apprenant fonctionne sur un mode de recherche défensif, il faudra lui apprendre à être plus offensif. Ce qui semble presque contradictoire, c’est que c’est précisément lorsque l’on commence à avoir des outils combatifs efficaces que l’on s’aperçoit, que l’on en a plus besoin.
Le doute fait aussi parti de l’enseignement, le doute est un mal nécessaire. Il en faut, et si l’on arrête de douter, la progression s’arrêtera. Par contre, il faut en réduire les champs en empêchant les incertitudes de tous dominer. A partir du moment où l’on a plus de doute, que de certitudes, cela devient contreproductif et cela freine le progrès.

9) L’état d’esprit mental et philosophique à inculquer aux élèves sur le tatami :
Harmonie des corps et de l’esprit : I SHIN DEN SHIN (de cœur à cœur et de l’âme à l’âme) à travers le MUSUBI (l’union des énergies contraires) et AWASE (l’harmonie entre les partenaires). Le but étant de désamorcer la notion de conflit avant le combat (physique) ou la dispute (mental). En cas de conflit réel (combat), l’agresseur sera « neutraliser » avec joie et Amour, si et seulement si, vous avez fait un travail sur vous-même : en commençant par bien vous connaître vous-mêmes (votre fond intérieur) et faire la paix avec vous-mêmes. Ensuite vous pourrez-vous ouvrir aux autres et être serein, détendu, sans peur, pour anticiper et gérer tous conflits et aborder les situations de la vie courante plus efficacement.
MU – SHIN : Vide et Esprit. Autrement apprendre et pratiquer les techniques d’Aïkido, dans un esprit serein et ouvert, sans peur et sans haine, afin d’accueillir l’adversaire qui devient partenaire. Les techniques doivent être répéter et répéter, pendant des années, afin de forger le corps et l’esprit. Le bon niveau est atteint lorsque que l’on peut réaliser des techniques naturellement sans réfléchir. Le très bon niveau est atteint lorsque l’on est capable de prendre « l’initiative » en devançant son ou ses partenaires.

** Certaines idées qui correspondent à mes valeurs, ont été « pioché » dans Dragon magazine n° 8 spécial Aïkido « Enseignement et Transmission ».J’ai adapté ses valeurs, à ma façon, pour qu’elles correspondent à mon enseignement, autrement dit à « ce que je suis ».

Alain Moty.